Qualité des BJD résine cast

Savoir identifier la qualité d’une doll/BJD en résine ?

 

 

Comme vous le savez, créer sa propre BJD est déja une difficulté en soi. Mais fabriquer une BJD en résine de coulée qui soit de qualité est un vrai défi.

Pour plus de détails sur la technique de fabrication des BJD en résine de coulée vous pouvez vous référer à l’article sur le Recast.

L’étape du coulage en résine est un moment fondamental dans le processus de fabrication.

Aujourd’hui de nombreux créateurs se lancent dans cette expérience extraordinaire de la fabrication de BJD. Le consommateur est parfois confronté à une multitude d’offres sans savoir les analyser.
On ne parle pas de juger les gens, mais bien de savoir comprendre les différences entre tel ou tel produit de façon à les faire correspondre à ses attentes, ses envies, son budget...

Certains artistes préfèrent s’adresser à un professionnel du casting pour bénéficier d’une BJD de qualité industrielle, mais chaque artiste peut aussi proposer ce que l’on appelle des “artist cast”.
Cela signifie que l’artiste procède au coulage de la résine lui même, avec amour, et dans des conditions artisanales. La grande différence de qualité réside donc dans les techniques et le matériel.

Par contre un cast pro ne pourra jamais imiter l’amour et le soin du détail qu’un artiste voue à sa création, et l’absolue certitude que un bout de l’artiste imprègne un artist cast.

 

Chaque créateur ayant son propre niveau d’exigence et de compétence, nous allons voir les défauts fréquents visibles sur les dolls “artist cast”, ceux qui peuvent éventuellement apparaitre même en “pro cast”. Nous allons par conséquent vous initier à identifier la qualité des BJD en résine de coulée que vous aurez dans les mains.

Pour cela nous allons découper ces défauts en différentes catégories;

  • Défauts de moulage
  • Contraintes de la résine
  • Retouches techniques

 

1- Les défauts de moulage

Lorsque l’on souhaite reproduire une poupée par procédé de moulage, il faut évidemment un moule. Ce moule est créé par l’artiste avec du silicone.
On prend l’empreinte de la BJD pour la reproduite en résine. Ce matériau est un composé chimique qui va réagir par catalyse et passer de l’état liquide/visqueux, à l’état solide/tendre.
Toutes les erreurs qui seront présentes sur les moules seront automatiquement reproduites sur les pièces.

Cela vient du prototype

Par exemple si le prototype n’est pas bien lisse avant le moulage, les aspérités seront reproduites sur les copies. Il en est de même pour chaque bosse, trou et irrégularité.
Si ce prototype est imprimé en 3D et qu’il n’est pas bien poncé pour effacer les traces d’impression, le moirage des couches d’impression sera reproduit à l’identique sur les pièces coulées, on verra un effet de rayures.

 

Ce défaut est donc tout à fait corrigible avant la fabrication du moule, après il sera trop tard.

 

Cela vient du moule

Le Silicone, comme nous l’avons vu, est un matériaux difficile à travailler. Les erreurs peuvent venir autant de l’empreinte du prototype que du procédé artisanal de fabrication du moule en lui même.
Si par mégarde un bout de plastiline, ou un “bourrelet” de vaseline reste entre les différentes parties du moule, cela créera un empreinte non désirée dans le moule également.
Si le moule sèche dans une position inadéquate, (ex : déformations de la partie A par rapport à la partie B), ou est maintenu avec une tension inadéquate pendant la coulée de la résine, cela déformera l’empreinte de la pièce censée être coulée. C’est souvent là que se créent les décalages sur les jointures des pièces en résine. Selon le degré de déformation l’erreur pourra être corrigée ou pas.

 

 

Enfin, le silicone est un matériau visqueux, quand ont le mélange au catalyseur, on incorpore de l’air qui crée de petites bulles. Sans dégasage du moule, toutes les bulles ne pourront pas s’échapper et une certaine quantité restera figée dans le silicone séché.

 

 

Cela crée une différence de densité dans la matière du moule. Les grosses bulles peuvent se déchirer facilement et créer de nouveaux défauts. Les petites bulles vont modifier la surface en créant un aspect “peau d’orange”. C’est irréparable sur le moule et la seule façon d’atténuer le problème est de poncer la surface en résine.

 

 

On voit rarement ce genre de défauts lors d’un casting pro car en usine, le coulage est fait sous pression. Les moules sont donc dégasés, plus massifs et avec moins d’ouvertures rendant quasi impossibles ce genre défauts artisanaux.

2- Les contraintes de la résine

La résine polyuréthane est un matériau très instable et dangereux pour la santé. Il convient de la manipuler systématiquement avec un matériel de protection adéquat.

Cette résine, dans la plupart des cas, a une durée de séchage de surface comprise entre 5 et 10 minutes. Ce qui signifie qu’il faut agir très vite, et que ce court laps de temps est la contrainte majeure.
Tout comme le silicone, quand on remue la résine pour mélanger les 2 composants necessaires à la polymérisation, on intègre de micro bulles dans le produit. Sans cuve à pression qui permettrait de réduire ces petites bulles, la résine qui aura séchée en piégeant les bulles. Vue de l’intérieur, elle ressemblera à un gruyère :

La seule solution pour s’en débarrasser est de se procurer une cuve à pression, ce qui est un élément coûteux, pas très pratique à utiliser, et pas toujours efficace à cent pour cent quand on n’a que deux mains et cinq minutes pour couler une pièce… Il faut parfois se résoudre à l’evidence, la résine ça fait des bulles, et c’est comme ça !

OUI mais… c’est à l’artiste de trouver ses propres solutions pour les éviter au maximum, et faire disparaître celles qui seraient visibles ou problématiques.

 

Des bulles visibles

Les bulles les plus simples à inspecter sont celles qui sont visibles en surface.

 

 

  • Problème technique : la résine n’a pas coulé dans une partie du moule (bulle d’air piégée, défaut d’ingénierie),
  • Problème mécanique : bulles crées lors du mélange, piégées au séchage.

Deux solutions sont possibles. Réparer si elles sont dans un endroit où c’est possible, sinon il faut jeter la pièce et la refaire en essayant de ne pas reproduire l’erreur.

Les petites bulles sont inesthétiques et il faudra les reboucher finement pour améliorer la qualité et le rendu de son produit. Les grosses bulles peuvent causer des problèmes de fragilité, il ne faut surtout pas les ignorer.

 

Mais aussi des bulles invisibles

Une pièce avec une GROSSE bulle interne est un pièce fragile qui peut se casser au moindre choc.

 

 

Certaines bulles se créent parce que le moule est particulièrement complexe. Mais soyez attentifs aux bulles cachées, il suffit souvent de placer la pièce à contre jour pour les apercevoir si il y en a.

 

Pour finir, notre amie la résine est exigeante et parfois un peu pénible… Oui, si la météo ne lui plaît pas ou si elle se fait vieille, elle peut avoir des réactions inattendues :

 

 

ELLE FAIT DE LA MOUSSE !
Dans ce cas, malheureusement, aucune solution n’existe, il faut jeter la pièce ratée, et souvent, la résine détériorée avec.
Il faut comprendre que tout l’intérieur de la pièce est comme une éponge, il n’y a rien à réparer.

Le créateur est donc l’esclave de ces petites bulles. Il faut savoir juger la limite de ce qui est acceptable ou non, de ce qui nuit à la qualité de la BJD et de ce qui la rend simplement bonne à jeter.

 

3- Les retouches techniques

Il y a des “défauts” qui sont inévitables et incompressibles parce qu’ils sont liés directement au procédé technique de coulage. Il faut donc obligatoirement intervenir après pour effacer ces marques du travail.

C’est le cas notamment des “coulée d’entrée et de sortie” et des “lignes de couture” qu’il faudra couper et poncer pour les faire disparaitre et obtenir une pièce finie :

 

 

La qualité du ponçage est importante car plus il sera fin et plus la poupée aura une surface lisse et uniforme.

 

C’est d’abord plus esthétique et cela facilitera la vie du makeupper qui ne peut pas travailler sur des aspérités ou des parties non poncées !

En ce qui concerne les tirages “pro”, selon le professionnel qui s’en charge, il est possible de trouver en petite quantité des petites bulles et des coutures saillantes.
Certaines compagnies de BJD ont même fait le choix de ne plus éliminer les coutures pour des raisons économiques.

 

4- Finitions

Aimants

Il en est de même pour la finition. Notamment le collage des aimants dont certaines compagnies officielles ont décidé de s’affranchir.
Il arrive que les aimants soient envoyés non collés dans un petit sachet séparé et que l’acheteur doive lui même procéder au collage.

La pose des aimants, leur ajustement, voire leur inclusion dans la résine sont des services de finition qui prennent du temps.

 

 

Montage

Vous pourrez aussi étudier la qualité des perçages, et le système d’attache qui est parfois plus ou moins pratique. ( par exemple si la tête peut être retirée facilement ou si la doll doit être déstringée pour cela, idm pour changer les mains/pieds…)

Certains créateurs proposent des “garbadge kit” ou des “B grade”. Ce sont des pièces de qualité inférieure à un prix plus bas. Parfois la doll est montée avec ces pièces, parfois le kit est vendu démonté et c’est au client de poncer si il le souhaite, et de monter sa poupée lui même. Tout cela, encore une fois, dans le but d’économiser du travail et donc de proposer un prix inférieur sur des produits de qualité moindre.

D’autres artistes ont la démarche inverse, et fournissent même un travail de sueding pour rendre la posabilité optimale ( sueding colle chaude ou avec tissus).

Maquillage

Quand au maquillage, il est parfois fournit de série, parfois proposé en ooak ou parfois pas disponible du tout. Tout dépend des possibilités de l’artiste à proposer ce service supplémentaire ou pas.
Il est évident qu’un maquillage unique/ doll en fullset ooak, apporte une plus value à l’objet par rapport à un service de série.

Services premium

Enfin, tous les services supplémentaires qui permettent d’augmenter la qualité de la BJD, sa singularité, son aspect pratique, sont à prendre en compte. (Housse, accessoires, extra parts, fullsets, certificat…) La plupart des créateurs proposent des certificats d’authenticité suite à la prolifération de contrefaçons.

Les emballages sont plus ou moins élaborés selon les créateurs, leur besoins, leur gamme de produits. On constate majoritairement deux tendances, les boites : en carton, en bois, en cuir… solides et esthétiques mais encombrantes au rangement, et les housses : plus ou moins molletonnées pour protéger tout en restant facile à transporter et à ranger.

 

Si on faisait un bilan, quelle qualité de BJD ?

Maintenant vous êtes bien mieux informés sur les contraintes du coulage de BJD en résine et leurs conséquences sur la qualité.
Récapitulons ça dans un tableau TRÈS GENERAL, et tirez vos propres conclusions.

 

Qualité Artist cast Pro cast Compagnies
Surfaces lisses / pas d’irrégularités
Bon ajustement des joints / pièces
Pas de grosses bulles / bulles cachées
Très peu de petites bulles visibles
Absence de pièces “moussées”
Zero coutures visibles
Pas de traces de ponçage
Bonnes finitions
Service premium (sueding, makeup, bag…)
Gamme de prix
Supplément d’âme

 

Au choix de l’artiste ( choix technique, qualité, marketing)

Options au choix du créateur ( Options facturées par le prestataire)

Au choix des compagnies ( choix technique, marketing)

(Attention ce tableau est non exhaustif, donné à titre indicatif, pour que vous puissiez vous faire une opinion globale. Il se peut que, au cas par cas, vous constatiez des différences avec les informations listées dans ce tableau.)

Gardons à l’esprit que chaque effort, chaque minute passée afin d’améliorer la qualité d’un produit prends du temps. Qui dit plus de temps et meilleure qualité, dit aussi augmentation sur le prix du produit.

Ce sont donc des éléments capitaux à prendre en considération quand vous tenez la précieuse création d’un artiste entre vos mains.

 

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